/hier nous n'avons vu personne
/personne n'est venu.
/hier nous n'avons pas existé.



a t-elle dit déjà ce besoin d' e s p a c e ?

dit combien elle a besoin d'air tout autour, vous savez ?

air de grand air,

d'air blanc entre les lignes,

entre les lignes pour faire sauter les mots, il lui faut des soupirs.



Certes yvonne la tient, lui serre les basques, lui lace le corset à même les tendons, colle auplus juste à la photo, pour qu'elle y soit conforme ... l'air de rien ... que rien ne dépasse ... qu'il n'y ait ni rebords ni débords ... ainsi, elle apprend la marche, se moule au cadre, s'adapte aux pièces démontées de toutes pièces .... ainsi elle apprend à les transporter tous, dans un sac de voyage ... tous les ils, lui ou d'autres ... ils ont beau se croire différents, ils finissent par faire les mêmes choses, à tenir la même place ... pas plus ... pas moins. en arrivant elle les a posé sur l'étagère, la seule disponible, peinte en noir elle aussi, l'étagère des ils ... près de chacun, à leurs pieds même , elle a posé un petit calepin de notes brèves ... quand le temps le permet, elle en sort un de sa boîte, pour promenade ... plus loin marchent yvonne et ses yeux.

/elle pense/ peut-être est-ce moi qui prend trop de place ? /elle demande/




/hier un soir plus tard/
le soir est tombé d'un seul coup en même temps que la pluie/