je ne prépare
rien,
rien du tout
un tout que je laisse m'écraser l'ombre jusqu'à s'asseoir sur ses genoux
un tout que j'avale en faisant comme si l'air était d' a i r
et non pas le lieu du vertige
je ne prépare rien, rien devant
J
e laisse faire le vide, se
faire vide
est la chose la plus difficile que je connaisse, yvonne sans cesse m'y
rejoint,
je la chasse d'un revers de mouche mais elle obstinée ...
je la laisse, la laisse se vider
alors vides yvonne et moi-même, a l l o n s
de loin, on les dirait causantes, dans l'allée des jardins, puis débouchent
sur l'avenue coupée d'un dos d'âne pour ralentissement de rigueur /votre
empesé m'obsède, savez vous ? ce revêche du ton, resserrement des mots
autour d'eux-mêmes jusqu'au fil inaudible, je m'y cogne/ ces larges
avenues amputées de leur vitesse par des renflements successifs, artères
vides de sang dans lesquelles bourdonnent le gris des insectes La tête
comme avenue grouillante de loin, on les diraient aimantes, à gestes suspendus,
ralentis, dont l'élan se brise à mi-course subitement stoppé se termine
en absence cependant que leurs visages semblent si proches /vos cils
me frôlent comme vos mots s'émoussent / avant qu'ils ne m'abordent
/ lèvres mobiles d'un film muet, je mettrai d'autres mots dans votre bouche
souple d'un aller sans retour/
je ne réponds de rien